Le basket fauteuil

Publié le 22 juin 2006 par Coach Dav

Découverte d'une discipline handisport exigeante physiquement et ouverte aux valides.

Physique et technologique
Le fauteuil : Titane, alliages, fibre de verre... Un fauteuil de basket est un condensé de matériaux techniques. Il peut coûter jusqu'à 4 000 euros.
Les roues : Les roues sont inclinées de 12 à 20° par rapport à la verticale. « Plus tu écartes les jambes, plus tu es stable, explique Ryadh Sallem. En fauteuil, c'est pareil. » L'inclinaison des roues limite ainsi les risques de renversement du fauteuil. Les fauteuils seront différents selon la nature du handicap du joueur. « Une personne paraplégique qui manque d'abdominaux aura une assise plus inclinée par exemple, pour être bien calée », explique Ryadh.
Le shoot : Il n'est pas possible d'intercepter la balle en l'air. Pour gêner l'attaquant, le défenseur peut taper la balle ou la main, mais il ne doit pas toucher le bras.
La défense : Le pivot aura également une assise plus haute. Celle-ci est plafonnée à 53 cm du sol. Un coussin de quelques centimètres d'épaisseur peut être ajouté.
Bloquer l'adversaire : Pour bloquer un attaquant, le défenseur doit l'avoir devancé. Si l'axe de ses grandes roues n'a pas dépassé les petites roues du fauteuil de l'adversaire au moment du contact, il y a faute. Pour forcer l'attaquant à s'arrêter, le défenseur le double et opère une rotation pour lui barrer la route : s'il y a contact, un passage en force est sifflé.
Progresser : Toute impulsion donnée à la roue est considérée comme un pas. Le joueur a le droit à deux pas sans dribbler. Il peut aussi pivoter sur lui-même, comme en basket traditionnel.

Ryadh Sallem
Membre de l'équipe de France de basket fauteuil depuis 1992, Ryadh Sallem est l'un des personnages phares du handisport en France. Il a été choisi comme parrain de la finale du City Raid Andros, qui réunira plusieurs milliers d'enfants en juin à Paris. « Chaque équipe comportera une personne handicapée physique ou mentale », explique-t-il.

- En quoi les règles du basket fauteuil diffèrent-elles de celles du basket classique ?
Même terrain, mêmes paniers, même balle, à cinq joueurs contre cinq, dix joueurs sur la feuille de match, le score se compte de la même façon, le temps de jeu est lui aussi identique... Il y a juste deux roues sous nos baskets.
- L'effort physique est tout de même très particulier ?
C’est sûr. Demandez à un mec de faire une centaine de pompes et quand il a fini, d'aller shooter. Nous devons à la fois pousser sur les bras pour faire avancer le fauteuil et une fois au bout, avoir le muscle assez frais pour lancer la balle avec précision.
- Quelle distance parcourez-vous durant une rencontre ?
Cela dépend du temps pendant lequel vous jouez. En basket fauteuil, il y a en moyenne une attaque toutes les 24 secondes. A chaque fois ou presque cela veut dire un aller-retour de terrain, soit près de 60 mètres. Si vous jouez pendant 40 minutes, cela ne fait pas loin de 5 kilomètres, sans compter l'échauffement.
- Comment se déroulent les déplacements ?
C'est très stratégique. Nous ne pouvons pas sauter pour intercepter la balle. Il faut donc mettre en place un jeu de terrain qui permette de bloquer l'adversaire dans sa progression. De ce point de vue, le basket fauteuil ressemble plus au rugby. C'est également assez viril. Il y a des chocs, des chutes, on maltraite pas mal le corps. Vous mettez quelqu'un sans fauteuil sur le terrain, à la fin du match, il finit en fauteuil !
- Y a-t-il justement des valides parmi les joueurs ?
Il y a dix ou quinze ans, on était tout un groupe de joueurs à se mobiliser parce qu'on trouvait dommage que nos frères, nos amis ne puissent pas jouer avec nous. Dans certaines villes où il n'y avait pas assez de handicapés, cela a d'ailleurs permis de sauver des clubs. Chaque joueur est frappé d'un coefficient compris entre 1 et 5 en fonction de son handicap. 5 s'il est totalement valide, 1 si sa pathologie est très lourde. Le coefficient total des joueurs sur le terrain ne doit jamais dépasser 14,5 au niveau international. Certains valides aimeraient un système identique en fonction de la taille, pour permettre à des joueurs qui ne font pas deux mètres d'avoir encore leur place.

CHAMPIONS DU MONDE !
En 1989, une équipe de France devenait championne du monde dans un sport collectif. C'était en basket fauteuil. « Avant les handballeurs et les footballeurs », insiste Ryadh Sallem. Après des résultats médiocres aux Jeux d'Athènes, les Bleus reviennent parmi les meilleures nations. Cinquième aux derniers championnats d'Europe, la France prépare actuellement les Mondiaux, cet été à Amsterdam.

Article paru dans le journal "20 minutes" du 23 mars 2006. Recueilli par Grégory Magne (Kaora Press)